Il faut imaginer une longue barre HLM. Bien grise, bien moche. Comme seuls savent faire les vrais architectes qui étaient trop occupés à jouer aux Kaplas pendant leurs cours, avec une fascination pour le monochrome, le gris, le suicide et le macramé.
Le tableau est à peu près planté ? Bien. Ajoutez y maintenant une minuscule bibliothèque toute en longueur qui prend le rez de chaussé du HLM, avec une gigantesque baie vitrée qui sépare la rue des locaux.
Et derrière la baie vitrée..... Nous (Surprenant, je sais).
Ainsi, pour rejoindre l'entrée de la bibliothèque depuis le HLM, les gens doivent remonter une petite rambarde qui les faits longer la baie vitrée des bureaux jusqu'à atteindre la porte. Une longue et épuisante marche d'au moins une trentaine de mètres. Ô quête harassante de la culture, qui envoie sur de tortueuses routes de preux lecteurs en quêtes de savoir; Ô métaphore du cheminent de l'esprit dans sa recherche de lumière; Ô douce allégorie des longues après midi de lectures ou s'éveille l'esprit aux milles richesses des plaisirs littéraires; Ô que le kebab de la rue est bon, avec ses frites, miammiam. Mais je m'égare.
Voila donc que deux jeunes lectrices d'une dizaines d'années, deux sœurs, s'arrêtent devant les bureaux et commencent à discuter avec énergie.
"Bon, tu rentres dans la Bibliothèques, et tu leurs dis que si le Spirou avait une semaine de retard c'est parce que j'ai été écrasée par une voiture"
"D'accord, mais si ils me demandent si on a un papier du médecin ?"
"Je sais pas, faudrait peut être leurs dire que j'ai été tuée sur le coup alors..."
"Ah oui, peut être, ou alors un coma, mais un coma TRES FORT"
"Je sais pas...Ça fait beaucoup, ou alors juste un petit coma de pas grand chose"
"Ça marche !"
Et voila la gamine qui vient nous annoncer que sa sœur est très souffrante dans un grave coma, mais pas trop dangereux quand même. Et que du coup faut pas la punir pour le Spirou, la pauvre enfant.
A leurs crédits, il faut reconnaître que le plan a marché, devant tant de compassion pour ce plan monstrueusement foiré, et des soubresauts de hoquets pour récupérer du terrible fou rire, le Spirou fut accepté.
Sur une note convalescente, il faut noter que la sœur à survécu, nos chaleureuses salutations à la famille.