vendredi 25 janvier 2013

Livre Dix Huit - La guerre des ballons.

Si le bibliothécaire, comme chacun sait, ne craint rien ni personne, il lui est toutefois connu deux prédateur naturels.

Tout d'abord, sa bonne volonté naturelle, l'amenant à se lancer dans des projets comme "Créons tous ensemble une base de donnée recensant tout des doublons du réseau afin de participer à un grand mouvement de dons afin de compléter nos fond respectif, mains dans la main et dans la bonne hum....Hey ? Y'a quelqu'un ? Heyho ? Diiiiites ?" qui, malheureusement, se heurtent rapidement au grand mur de la réalité.

Réalité qu'on pourrait résumer par "Tient, et si on essayait de vider la mer. Avec une cuillère trouée. Et deux bras en moins. Et des gens qui me lancent des cailloux en même temps tout en insultant la vertu de ma mère."
Son deuxième prédateur est, bien entendu, l'enfant. Parce qu'il hurle, parce qu'il cours partout en hurlant, parce qu'il cours partout en hurlant et en renversant les étagères sur les lecteurs paraplégique qui meurent écrasés sous cents tomes de la pléiade, en essayant vainement d'échapper à deux milles pages de Cioran qui leurs percutent la tempe à 212 Km/h.

 Et puis aussi parce que, en gros, on est quand même des gros réacs hostile à toute forme de bonheur - Mais ceci est évidemment secondaire.

Certains observateur parmi les plus fins d'entre vous y verront ici une troisième faiblesse, aisément exploitable.

Notre bonne volonté à l'égard des enfants.

 Et c'est ainsi que je me retrouvai un jour dans un parc municipal à distribuer des ballons au sigle des bibliothèques après une lecture publique dans le dis parc. Après quelques gonflages de ballons quelques cris commence à éclater. Puis soudain...La guerre.

Quelques citations de vétérans, survivants de la terrible bataille.

Jojo, 11 ans, "Enfant" : "T'as vu aussi, il a pécho son ballon avant moi. Donc forcément aussi, devant un tel manque de respect, obligé, je lui tacle la jugulaire avec mes crampons. Mais après, cet enfoiré, il veut même pas lâcher. Donc il me laisse pas le choix, je suis obligé de sauter sur sa tête en hurlant jusqu'à ce qu'il lâche... En plus trop dégouté, c'était un ballon rose t'as vu, un truc de fille, du coup je l'ai balancé direct..."

Marc-Julien-Octave, 59 ans, Bibliothécaire : " Tu sais, j'ai fait le vietnam. Et l'indochine. (Oui oui),  et je peux te le dire, ce fut la bataille la plus dure à laquelle j'ai jamais assisté. Quand je repense à cette petite fille, à laquelle j'ai tendu un ballon, à ce grand sourire et à ces yeux si doux, ce regard si pur, avant qu'elle ne me mette un coup de pied dans les parties et qu'elle ne s'enfuit en hurlant avec tout le sac de ballons...
Je te le dis sans rancune, heureusement qu'un de ces gamins l'a mise K.O peu après d'un bon crochet dans la rate, ca prouve tout de même que dieu existe."

Luc, 7 ans, en cours de réinsertion : "Baaaaaaaaa...Baaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa.....BAAAAAAALLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONS,
BAAALLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO-assasinerdesgensinnocentsetviolerdesanimaux-OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONS"

Bref, nous vivons dans un monde terrible.

Sur une note ovale, l'émissaire ballon estime le nombre de ballons tués au combat dans des dégâts collatéraux à environ  850 000. (3 selon le préfet.)

Livre Dix Sept : De l'affection en bibliothèque

Ce qu'il y'a de beau dans une bibliothèque jeunesse, c'est cette profonde intimité qui peut se créer lentement entre un bibliothécaire et son jeune usager, qu'il verra grandir, s'épanouir, jusqu'à devenir enfin un adulte et voler de ses autres ailes vers d'autre bibliothèque ce petit bâtard ingrat.

Autant le dire tout de suite : Après vingt ans en bibliothèque jeunesse, on acquière qu'on le veuille ou non certains automatismes liés à nos petites tête blondes.

Certains passeront l'hiver entier à s'assurer que les doudounes triples épaisseurs des chérubins sont bien fermés, d'autres gratifieront la jeune pousse d'un grand sourire et d'un conseil de lecture.

Mais moi, ma collègue à ce geste affectueux de tapoter doucement la tête des enfants qui passent. Ou plutôt "Avait ce geste affectueux".

Car un jour, sa petite douceur atterrit non point sur l'occiput d'un garçonnet. Mais sur le crâne d'un nain qui apprécia moyennement la plaisanterie. Et qui s'en fut, passablement outré, sous le regard mortifié d'une collègue venant de commettre un acte ayant à peu prêt autant de classe que la prose de Marc Levy (Eh oui, tout bibliothécaire se doit de maîtriser les grands classiques de notre littérature)

Sur une petite note, ce n'est heureusement pas tout les jours à ce point n'ainporte quoi.