jeudi 17 novembre 2011

Livre Quatorze : Viol identitaire et KGBéthécaire.

Il existe un poste redoutable dans une Bibliothèque.

"Accueil et Informations".

La, le néophyte lit ça et se dis : "Rohlala, encore des bibliothécaires qui refusent d'informer le public et s'enferment dans leurs carapace de misanthrope sans âme."

Oui, certes, mais pas que.

Car c'est aussi le poste on l'on envoie tout les mecs passablement bizarre, voire franchement perché bien plus haut que le commun des mortels.

Le genre de type qui viennent vous voir pour vous sermonner de ne pas avoir de documentation sur le complot franc-maçon/juif/communiste pour prendre le contrôle du monde libre la semaine prochaine. Ou celle d'après, on est pas encore trop sur, mais bientôt, quoi. Ou bien la mamie esseulé qui vous identifie automatiquement comme une cible vulnérable à un accrochage de jambe pendant plusieurs dizaines de minutes, résistant à toute formes de "Non mais la je dois commencer à travailler madame" ou même au pied de biche.

Bref, après cette (Courte) introduction, vous l'aurez compris : Cette histoire prend place au fameux poste d’accueil.

Imaginez vous donc lors d'une longue soirée faites de grand vide digne des plus belles nocturne en bibliothèque.

...Quand soudain surgis un brave homme dans la trentaine, qui s'approche et me demande d'une voix sympathique s'il est possible de l'inscrire.

Aucun problème lui répondis-je, tout en lui tendant notre formulaire d'inscription, avec dans les yeux une lueur d'amour pour cet individu qui me rappelle que parfois, des êtres humains de moins de 70 ans vienne dans notre bibliothèque.

Il contemple la feuille, et me demande d'un air inquisiteur : Ce formulaire, vous allez le gardez ou une fois que je l'aurai compléter ?

Un peu surpris, je lui montre du doigt la boite derrière mon bureau qui sert de stockage pour tout ces papiers.

"Ah ! Mais n'importe qui pourrait se faufiler derrière vous pour s'en emparer !"
"Euuh. Faudrait quand même qu'il soit très très discret, la boîte est à 50 cm de moi"
"Oui, enfin, un moment d'inattention et hop !"
"Peut être, enfin je vois pas vraiment ce qu'ils pourraient faire de fiche d'inscription en bibliothèque, quand même."
"Aaaah, mais moi monsieur j'ai vu le reportage sur M6 ! On vous vole votre identité, votre existence, tout ! Vous savez combien ca vaut une pièce d’identité au marché noir ? 10 000 € ! 10 000 ! Vous vous rendez compte ?"
"Non mais je comprend bien, mais la c'est juste un papier avec votre nom et votre adresse, pas de quoi s'aff..."
"Ah mais non. Moi je ne prend pas le risque monsieur. Hier je devais refaire mon passeport, eh bien croyez moi que je me suis plains. Je ne me ferais pas avoir moi."

Vous imaginez bien évidemment qu'à ce moment la, toute la foi retrouvée dans l'humanité s'échappe dans un long soupir annonciateur d'une soirée difficile.

"Ouiiiiiiiiiiii, je vois. Et donc pour votre inscription ?......"
"C'est HORS DE QUESTION. Je veux récupérer tout les papiers qui y sont lié, sinon je refuse".
"Moui d'accord. Bon eh bien, c'est pas grave, bonne soirée monsieur".
"Je vous dis que je refuse."
"Euh oui, oui, c'est noté, bonne soirée".

Ici, nous vous prions d'imaginer un long moment de silence, avec un regard pesant et un bibliothécaire qui fixe avec attention son fond d'écran Windows, comme s'il y cherchait le sens de la vie, de l'existence et une réponse à l'absurde.

"Non mais, ce n'est pas la peine d'essayer de me convaincre, on ne me fait pas changer d'avis comme ça, moi."
"Pas de soucis, je n'essayerai pas, au revoir monsieur."

Visiblement troublé, l'homme me regarde en se demandant probablement quel sombre complot cache mon apparente docilité. Puis, dubitatif, tourne les talons et s'en va sans mot dire.

Sur une note complotiste, ses informations ont été bien évidemment transmis à nos services. Son corps a été retrouvé pendu dans sa baignoire, électrocuté après s'être suicidé de 12 balles dans la tête. Un geste tragique, ont conclus les autorités.

mercredi 16 novembre 2011

Livre Treize : ...Et en nature ?

Démystifions tout de suite les raisons qui poussent à devenir bibliothécaire.

Ce n'est pas pour :

- Déclamer Proust de tête dans son bain tout en écrivant mentalement son propre manuscrit.
- Se balader dans les dédales de livres tels un maître en son temple.
- Ouvrir le monde à la culture dans une gigantesque orgie de savoir.
- Vivre avec le livre une histoire fusionnelle et glisser sensuellement entre les pages.

Non. Rien de tout ca, pauvre naïfs.

On devient bibliothécaire pour faire des calins avec les si jolies étudiantes en lettres parisienne, auxquelles on raconte ce si beau métier fait de toutes ces choses citées ci-dessus.

Avouons le tout de suite : Le bibliothécaire est un être qui vit bien plus cette expérience dans ses fantasmes que dans ses draps et bien nombreux sont les pauvres hères mort d'attente derrière leurs guichets de retour.

C'est donc parmi ceux-ci un rêve commun que de se faire - Enfin ! - draguer derrière ce même mourro...comptoir.

Et me voila donc, un samedi soir, le cœur sur la main à attendre la jupafrange lorsque viens devant moi un étrange personnage. Une trentaine d'année, une petite barbe de trois jours finement taillée, le type latin et assez objectivement beau.
Mis à part un regard franchement bizarre. En fait.

Se joue l'habituel ballets des emprunts en bibliothèque.

Rejouons l'échange :

L'entrée d'une bibliothèque, au poste de prêt.
Moi.
Lui.


Il me tend ses livres.
Je prend ses livres.
Il me regarde.
Je demande sa carte.
Il s'excuse.
Je dis que y'a pas de soucis.
Il me tend une carte.
Je lui dit que c'est pas la bonne.
Il rigole.
Je rigole et lui dis que je veux bien prendre sa carte bleue au pire.
Il rigole et me dit ce à quoi il a droit avec sa carte bleue.
Je lui dis qu'il à droit aux livres et que c'est plutôt pas mal.
Il me dit que c'est pas assez et qu'il pourrait avoir plus.
Je me tais.
Il me dit que par exemple, je pourrai lui donner quelque chose en nature.
Mon cerveau bug. Je dis que non.
Il me demande si je suis étudiant.
Je dis que non.
Il me demande si je travaille ici.
Je dis que non.
Il me demande ce que je fais dans la vie.
Je dis que non.
Il rigole.
Je dis que non.
Il s'en va, dans un dernier regard mélangoureuxcolique.
Je pense que le quotidien d'une nana qui se mange ce genre de drague tout les deux jours dans le métro doit être rythmé de grand moments de pertes de foi dans la nature humaine - Certes mêlés d'amusement.

Sur une note sensuelle, le même Don Juan essayait peu de temps avant de caresser un collègue dans l'ascenseur. (Et sur une note préventive, je préviens que je n'ai aucun soucis avec les homosexuels, et que je me contente de noter que les hétéro ne peuvent pas avoir le monopole des plans de dragues les plus moisi.)