Démystifions tout de suite les raisons qui poussent à devenir bibliothécaire.
Ce n'est pas pour :
- Déclamer Proust de tête dans son bain tout en écrivant mentalement son propre manuscrit.
- Se balader dans les dédales de livres tels un maître en son temple.
- Ouvrir le monde à la culture dans une gigantesque orgie de savoir.
- Vivre avec le livre une histoire fusionnelle et glisser sensuellement entre les pages.
Non. Rien de tout ca, pauvre naïfs.
On devient bibliothécaire pour faire des calins avec les si jolies étudiantes en lettres parisienne, auxquelles on raconte ce si beau métier fait de toutes ces choses citées ci-dessus.
Avouons le tout de suite : Le bibliothécaire est un être qui vit bien plus cette expérience dans ses fantasmes que dans ses draps et bien nombreux sont les pauvres hères mort d'attente derrière leurs guichets de retour.
C'est donc parmi ceux-ci un rêve commun que de se faire - Enfin ! - draguer derrière ce même mourro...comptoir.
Et me voila donc, un samedi soir, le cœur sur la main à attendre la jupafrange lorsque viens devant moi un étrange personnage. Une trentaine d'année, une petite barbe de trois jours finement taillée, le type latin et assez objectivement beau.
Mis à part un regard franchement bizarre. En fait.
Se joue l'habituel ballets des emprunts en bibliothèque.
Rejouons l'échange :
L'entrée d'une bibliothèque, au poste de prêt.
Moi.
Lui.
Il me tend ses livres.
Je prend ses livres.
Il me regarde.
Je demande sa carte.
Il s'excuse.
Je dis que y'a pas de soucis.
Il me tend une carte.
Je lui dit que c'est pas la bonne.
Il rigole.
Je rigole et lui dis que je veux bien prendre sa carte bleue au pire.
Il rigole et me dit ce à quoi il a droit avec sa carte bleue.
Je lui dis qu'il à droit aux livres et que c'est plutôt pas mal.
Il me dit que c'est pas assez et qu'il pourrait avoir plus.
Je me tais.
Il me dit que par exemple, je pourrai lui donner quelque chose en nature.
Mon cerveau bug. Je dis que non.
Il me demande si je suis étudiant.
Je dis que non.
Il me demande si je travaille ici.
Je dis que non.
Il me demande ce que je fais dans la vie.
Je dis que non.
Il rigole.
Je dis que non.
Il s'en va, dans un dernier regard mélangoureuxcolique.
Je pense que le quotidien d'une nana qui se mange ce genre de drague tout les deux jours dans le métro doit être rythmé de grand moments de pertes de foi dans la nature humaine - Certes mêlés d'amusement.
Sur une note sensuelle, le même Don Juan essayait peu de temps avant de caresser un collègue dans l'ascenseur. (Et sur une note préventive, je préviens que je n'ai aucun soucis avec les homosexuels, et que je me contente de noter que les hétéro ne peuvent pas avoir le monopole des plans de dragues les plus moisi.)
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