vendredi 17 février 2012

Livre Seize - Un petit coma de pas grand chose.

Il faut imaginer une longue barre HLM. Bien grise, bien moche. Comme seuls savent faire les vrais architectes qui étaient trop occupés à jouer aux Kaplas pendant leurs cours, avec une fascination pour le monochrome, le gris, le suicide et le macramé.

Le tableau est à peu près planté ? Bien. Ajoutez y maintenant une minuscule bibliothèque toute en longueur qui prend le rez de chaussé du HLM, avec une gigantesque baie vitrée qui sépare la rue des locaux.

Et derrière la baie vitrée..... Nous (Surprenant, je sais).

Ainsi, pour rejoindre l'entrée de la bibliothèque depuis le HLM, les gens doivent remonter une petite rambarde qui les faits longer la baie vitrée des bureaux jusqu'à atteindre la porte. Une longue et épuisante marche d'au moins une trentaine de mètres. Ô quête harassante de la culture, qui envoie sur de tortueuses routes de preux lecteurs en quêtes de savoir; Ô métaphore du cheminent de l'esprit dans sa recherche de lumière; Ô douce allégorie des longues après midi de lectures ou s'éveille l'esprit aux milles richesses des plaisirs littéraires; Ô que le kebab de la rue est bon, avec ses frites, miammiam. Mais je m'égare.

Voila donc que deux jeunes lectrices d'une dizaines d'années, deux sœurs, s'arrêtent devant les bureaux et commencent à discuter avec énergie.

"Bon, tu rentres dans la Bibliothèques, et tu leurs dis que si le Spirou avait une semaine de retard c'est parce que j'ai été écrasée par une voiture"
"D'accord, mais si ils me demandent si on a un papier du médecin ?"
"Je sais pas, faudrait peut être leurs dire que j'ai été tuée sur le coup alors..."
"Ah oui, peut être, ou alors un coma, mais un coma TRES FORT"
"Je sais pas...Ça fait beaucoup, ou alors juste un petit coma de pas grand chose"
"Ça marche !"

Et voila la gamine qui vient nous annoncer que sa sœur est très souffrante dans un grave coma, mais pas trop dangereux quand même. Et que du coup faut pas la punir pour le Spirou, la pauvre enfant.

A leurs crédits, il faut reconnaître que le plan a marché, devant tant de compassion pour ce plan monstrueusement foiré, et des soubresauts de hoquets pour récupérer du terrible fou rire, le Spirou fut accepté.

Sur une note convalescente, il faut noter que la sœur à survécu, nos chaleureuses salutations à la famille.

jeudi 26 janvier 2012

Livre Quinze : La Fille magnetique

Travailler dans une bibliothèque Jeunesse a bien des avantages.

Par exemple, développer une incroyable résistance aux bruits, aux odeurs et à tout les stress divers et variés qui accompagnent l'accueil d'une grouillante masse de bambins gesticulant.

Ah, et puis aussi ce truc la. La "Candeur".
Le sourire d'un enfant, les grands moments d'émotions lorsque l'on dégote le livre qui fera planer très haut son imaginaire.

Et puis ces questions si terriblement naïve qu'elles donnent envie de partir à la recherche de cet enfant que nous avons perdus en nous. Ou de manger du Nutella devant des dessins animés débiles, le tout en pyjama et sans décoller du canapé de la journée.

Tout ça, quoi.

Alors quelle surprise quand l'attaque de candeur vient non pas du gosse mais...D'ailleurs.

C'était une soirée en bibliothèque Jeunesse, lorsqu'un père rentre avec sa fille, visiblement assez pressé et plutôt chargé.

Après avoir rendu ses livres et fait un petit tour dans la section il pose l'habituelle montagne d'album sur la table que je commence à trier, démagnétiser et "Biper" pour les lui prêter.

Et la cher lecteur, tu dis : Démagnétiser ? Mékeskidi ? (Ou probablement pas, en fait, mais on va dire que si pour la démonstration, puis de toute façon c'est mon blog donc je fais ce que je veux, na.)

Donc démagnétiser, quoi que c'est ? Eh bien c'est simplement passer le livre sur le .......Démagnétiseur (Quel suspense) afin que le livre ne sonne pas au portique lorsque la personne sort de la bibliothèque, s'évitant ainsi de se faire délicatement raboter les jambes par la machette de notre cher collègue, vigile et animateur au grand cœur, Börg. (Pour l'anecdote , qui n'a jamais vu Börg faire son célèbre numéro de jonglage avec des jambes d'usager peut considérer sa vie comme un échec).

Bref, tandis que je démagnétise les livres, la gamine semble tout à fait fascinée par les bruits caractéristique de l'objet et commence fièrement à escalader mon bureau pour essayer elle même.

Sous le regard amusé du papa, elle réussi plus ou moins à se hisser et a mettre sa main sur le démagnétiseur, déclenchant le "Bip" une dizaine de fois d'affilée.

Je dis au père, l'air sérieux :

"Attention, votre fille va sonner en sortant du coup !"
"Hein ? Comment ?"
"Oui...Elle est magnétisée maintenant !"
"MAIS C'EST HORRIBLE !"
"Ah non mais attendez, je rig..."
"Vous allez me démagnétisez ma fille TOUT DE SUITE"
"Euuuuuuuuuuuh comment vous direeeeeeeeeeee, c'était une plais..."
"Monsieur, je vais devoir appeler votre responsable, si vous ne le faite pas de suite".

Ici, on ne peut s'empêcher de noter que la volonté de faire descendre mon responsable pour le plus beau fou rire de sa vie m'a titillé l'esprit, mais qu'il serait peut être moyennement ravi dans le fond d'avoir à gérer les angoisses d'un papa névrotiques.

"Non non, pas la peine, je vais la démagnétiser."

J'appuie sur le bouton qui alterne les modes du démagnétiseur, prend la main de la fille, la pose sur la machine, entend le bip et dis au père que c'est fait : sa progéniture est totalement libre de tout ces vilains magnétismes qui la condamnait à sonner à chaque portique jusqu'à la fin de ses jours, comme chacun sait.

Le père, visiblement soulagé, enfourne tout ses livres dans un grand sac, et s'en va sans un au revoir.

Sur une note magnétique, nous rappelons à nos aimables lecteurs un peu naïf que ce qu'ils voient dans la glace le matin n'est en fait PAS un antivol.
Amicalement.