Travailler dans une bibliothèque Jeunesse a bien des avantages.
Par exemple, développer une incroyable résistance aux bruits, aux odeurs et à tout les stress divers et variés qui accompagnent l'accueil d'une grouillante masse de bambins gesticulant.
Ah, et puis aussi ce truc la. La "Candeur".
Le sourire d'un enfant, les grands moments d'émotions lorsque l'on dégote le livre qui fera planer très haut son imaginaire.
Et puis ces questions si terriblement naïve qu'elles donnent envie de partir à la recherche de cet enfant que nous avons perdus en nous. Ou de manger du Nutella devant des dessins animés débiles, le tout en pyjama et sans décoller du canapé de la journée.
Tout ça, quoi.
Alors quelle surprise quand l'attaque de candeur vient non pas du gosse mais...D'ailleurs.
C'était une soirée en bibliothèque Jeunesse, lorsqu'un père rentre avec sa fille, visiblement assez pressé et plutôt chargé.
Après avoir rendu ses livres et fait un petit tour dans la section il pose l'habituelle montagne d'album sur la table que je commence à trier, démagnétiser et "Biper" pour les lui prêter.
Et la cher lecteur, tu dis : Démagnétiser ? Mékeskidi ? (Ou probablement pas, en fait, mais on va dire que si pour la démonstration, puis de toute façon c'est mon blog donc je fais ce que je veux, na.)
Donc démagnétiser, quoi que c'est ? Eh bien c'est simplement passer le livre sur le .......Démagnétiseur (Quel suspense) afin que le livre ne sonne pas au portique lorsque la personne sort de la bibliothèque, s'évitant ainsi de se faire délicatement raboter les jambes par la machette de notre cher collègue, vigile et animateur au grand cœur, Börg. (Pour l'anecdote , qui n'a jamais vu Börg faire son célèbre numéro de jonglage avec des jambes d'usager peut considérer sa vie comme un échec).
Bref, tandis que je démagnétise les livres, la gamine semble tout à fait fascinée par les bruits caractéristique de l'objet et commence fièrement à escalader mon bureau pour essayer elle même.
Sous le regard amusé du papa, elle réussi plus ou moins à se hisser et a mettre sa main sur le démagnétiseur, déclenchant le "Bip" une dizaine de fois d'affilée.
Je dis au père, l'air sérieux :
"Attention, votre fille va sonner en sortant du coup !"
"Hein ? Comment ?"
"Oui...Elle est magnétisée maintenant !"
"MAIS C'EST HORRIBLE !"
"Ah non mais attendez, je rig..."
"Vous allez me démagnétisez ma fille TOUT DE SUITE"
"Euuuuuuuuuuuh comment vous direeeeeeeeeeee, c'était une plais..."
"Monsieur, je vais devoir appeler votre responsable, si vous ne le faite pas de suite".
Ici, on ne peut s'empêcher de noter que la volonté de faire descendre mon responsable pour le plus beau fou rire de sa vie m'a titillé l'esprit, mais qu'il serait peut être moyennement ravi dans le fond d'avoir à gérer les angoisses d'un papa névrotiques.
"Non non, pas la peine, je vais la démagnétiser."
J'appuie sur le bouton qui alterne les modes du démagnétiseur, prend la main de la fille, la pose sur la machine, entend le bip et dis au père que c'est fait : sa progéniture est totalement libre de tout ces vilains magnétismes qui la condamnait à sonner à chaque portique jusqu'à la fin de ses jours, comme chacun sait.
Le père, visiblement soulagé, enfourne tout ses livres dans un grand sac, et s'en va sans un au revoir.
Sur une note magnétique, nous rappelons à nos aimables lecteurs un peu naïf que ce qu'ils voient dans la glace le matin n'est en fait PAS un antivol.
Amicalement.
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