vendredi 28 février 2014

Livre Vingt Trois : Sherlock Holmes contre les infâmes colleurs de petites annonces.

En soirée, pendant les vacances, dans une bibliothèque absolument bondée ou les hurlements des enfants se disputent aux cris des parents, et ou les gouttes des sueurs des bibliothécaires marquent de leurs lents écoulement cette soirée qui n'en finit pas.

(Oui, l'emphase est une pratique bibliothécaire classique, clairement)

Au milieu du chaos, une dame d'un certain âge s'approche d'un pas hésitant, jetant à gauche et à droite des regards de conspirateur.

"Bonjour monsieur"
"Bonjour"
"Vous exercez un contrôle sur les petites annonces publiées sur votre tableau la ? Parce que j'ai quelque chose d'assez grave à vous dire, quand même."

Ici, le bibliothécaire s'apprête déjà à apprendre qu'un réseau de prostitution de mineures Bulgare se déroulait depuis des mois via le tableau des petites annonces de sa bibliothèque, et s'imagine déjà dans un charmant tableau.

"MAIS NON JE VOUS JURE MONSIEUR LE JUGE, JE PENSAIS QUE LA PROSTITUTION ÉTAIT UNE ANIMATION, EUH, CUL....TUREL. Culturel, voila. CUL-TU-REL."


Mais bref.

"Ahwimincequoidoncalors ?"
"Eh bien il y'a cette petite annonce la, d'un homme qui prétend vendre des livres d'occasion...J'avais découpé une des languettes avec son numéro, et je l'ai appelé de chez moi hier soir, et..."
"Ettttt ?..."

Schéma mental en chargement :

- Il m'a proposé du crack (Et en plus, il était coupé avec du réglisse, et je suis alergique au réglisse, mon bon monsieur, d'autant que le réglisse, c'est quand même un truc dégueulasse et il faut avoir le courage de le dire, ah ca oui, hein, alors, hein, quoi.)

 - On m'a proposé de vendre un reins. Ou un poumons. Ou mon âme. Alors que bon, je le connais à peine ce monsieur moi, c'est tout de même quelque peu cavalier, tout de même, hein, quoi, hein, voyez.

- Je suis tomber sur la Hotline de Free, et j'ai été hypnotisée par les quatre saisons, depuis j'entend une voix dans ma tête qui me dit qu.....SI TU ES CHEZ FREE, TU AS TOUT COMPRIS. TU AS COMPRIS ? TU AS COMPRIS VERMISSEAUX PERFIDE ET MÉPRISABLE ?


Eh bien non.

"Et bien figurez vous que PERSONNE n'a décroché. J'ai même laissé un message. Eh bien rien !"
"Ah."
"Oui, et j'ai rappeler hein ! Trois fois ! C'est vous dire."
"Ahbenwi, si c'est trois fois, alors..."
"Mais je pense savoir pourquoi il fait ca ?"
"Ahmwi ?"
"Oui, comme ca il récupère les numéros des gens, et après..."
"Et après ... ?"
"Et après il fait un annuaire des numéros des gens qui l'ont appellés."
"Ah oui."
"Eh oui."
"Ah."
"N'est ce pas?"
"Moui."
"Bref, heureusement j'ai put m'en rendre compte et j'ai enlevée l'annonce du coup, mais vous devriez tout de même faire attention à l'avenir".
 "Oui d'accord sans faute merci aurevoir bonne soirée"

Sur une note - ou une petite annonce - aucun organe de personne âgée n'est actuellement en vente sur internet par notre biais, et oui je m'adresse à vous le gros dégueulasse du fond, la.

samedi 8 février 2014

Livre Vingt-Deux : Le placard, sisi.

Une partie d'échec jouée contre un jeune usager de 8-9 ans - Ou plutôt contre l'Overmind réunissant les meilleurs coups d'une dizaines de jeunes attroupés autour de la table, rien que ça.

Le jeune en question, essayant visiblement de détourner mon attention pour que "Suppôt de l'overmind#9" puisse à nouveau choper ma tour droite et la cacher dans sa poche, me demande :

"Et sinon, tu gagnes combien par mois ?"

"Hrmmm, je te le dis si tu gagne" - Chose qui, sans orgueil exagéré, reste une probabilité tout à fait modeste quand on se bas contre l'addition de dix gosses mutualisant leurs mauvaises idées de coups.

"Nan mais genre, plus de 200€ ?"

"Moui quand même"

"Genre plus de 2000€ ?"

"Joue."

Intervention de "Suppôt de l'overmind#3"

"Mais t'es fou, quand on gagnes plus de 2000€ on est en prison !"

"Hein ?"

"Ben ouai, dès que tu gagnes ca, les policiers ils viennent chez toi et ils te disent que tu l'as volé"

Voila, voila, une après midi normale dans un monde normal d'enfant de 8 ans normaux.

Sur une note financière : Je suis heureux d'apprendre à l'instant que je ne risque probablement jamais dans ma carrière d'être en "Zone de salaire à détention potentielle".

Ouf, moi qui m'inquiétait d'être prolo toute ma vie, enfin une raison de se réjouir.
 

vendredi 13 décembre 2013

Livre Vingt et un : L'ascenceur qui siffle

Souvenir d'une désormais lointaine vacation dans une bibliothèque Parisienne.

Nous étions deux braves vacataires, la joie au coeur et les mains sur les poignées des charriots, à pousser, ranger, pousser, ranger, répondre à la question de savoir "MON DIEU OU EST MON ENFANT ? Voussavezlebrunavecunecasquettequiressembleàtoutlesautres" et si "Un nouveau Zola vient de sortir ?", puis, pour ne pas oublier, pousseranger.

Dans cette magnifique et joyeuse - Aha. - routine de rangement ininterrompu, nous avions pris l'habitude d'appeler l’ascenseur par lequel nous faisions descendre les charriots "L'ascenseur de Sisyphe", tant la tâche semblait être un éternel recommencement, avec probablement encore moins d’intérêt que de pousser un caillou. (Au moins, lui, il fait les muscles, et il ne s'enquiert pas de savoir si le tome 2 de Germinal sort bientôt)

Une collègue particulièrement futée, nous entendant un jour parler de ce bon viel ascenseur, et disposant de la culture et de la subtilité propre à notre corps de métier - Aha². - compris aussitôt que les vacataires se plaignaient de "l'ascenseur qui siffle".

Ben oui, parce que non content de ne pas ranger assez vite, en plus, ils se plaignent tout le temps pour des détails, j'vous jure.

Bref. Après avoir passé le mot, nous voila sommé de répondre à l'accusation de "Mais d'ou vous vous plaignez, il marche très bien notre ascenseur, ou qu'il est le problème virgule "Ajoutez ici l'implication que vous êtes vraiment des chiffes molles, et que l'esclavage, c'était quand même mieux du temps de mon grand papa".

Oui oui. La culture et la bienveillance en bibliothèque, tout un art.

Sur une note mythologique, aucun grec n'est mort écrasé par un caillou pendant la rédaction de ce billet.

dimanche 25 août 2013

Livre Vingt : La ville des arabes

Des enfants absolument subjugués par mes talents de lecteurs, dans une petite bibliothèque à Belleville.

L'histoire pourtant est tout à fait basique. Hervé, brave fermier, emmène ses animaux faire un grand voyage dans la capitale, afin que toutes ces braves volailles et ruminants puissent découvrir les joies du tourisme. Youpi.

Je vous passe les rebondissements incroyable de la petite oie qui se perd dans le musée du Louvre, de l'âne qui grimpe la tour Eiffel et du canard qui conduit un camion-poubelle (Quelles aventures déjantées. Youhou)

Bref, pendus à mes lèvres, les enfants assistent à la dernière scène du livre : Une grande carte des états unis sur le mur, les animaux discutent dans leurs étable du prochain voyage qu'ils s'apprêtent à faire...

Décidant de rendre la chose un peu participative, je me tourne vers les enfants, leurs montre l'illustration et leurs demande, candide "D'après vous, ou est-ce qu'ils s'apprêtent à partir en voyage ?"

Grand silence. Du genre pesant. Je ne me formalise pas, ce n'est pas irrationnel qu'un enfant de 9 ans ne reconnaisse pas la cartes des Eta...

"L'Algérie monsieur, l'Algérie !"

"Hein ?"

Repris encore par tout les élèves de la classe :

"Ouiiiiiiii, ils partent en Algérieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee !"

Autant pour toutes les conneries de "Les enfants sont les seuls êtres vivants qui disposent encore d'un imaginaire qui leurs permet de s'évader de votre sale monde adulte puant !"

Bref, après la grande déception consécutive au fait que non, ce sont les États Unis, vraiment, je leurs demande s'ils connaissent un peu leurs quartier à eux, et s'ils pourraient m'en parler.

Se lève la main du seul petit blanc de la classe.

"Oui monsieur, c'est la ville des arabes !"

Soupir.

Sur une note républicaine, aucun professeur de géographie n'a été mis à mort pendant la rédaction de cette note.

Livre Dix-Neuf : Boîte à n'imp.

Trop. Bien trop.

Bien trop de perles incroyables qui mériteraient d'être sculptées dans les grandes annales de la bêtise humaine. Profitons donc de l'occasion de faire un petit récapitulatif de toutes ces chiures cognitives croisées ces derniers temps  :

"Bonjour, alors j'ai lu ce livre, je ne sais plus quand, j'ai oublié l'auteur, le titre, l'année de sortie ou même le thème du machin, mais il y a un revolver sur la couverture. Vous voyez ?"

"Bon, alors je vous laisse Marie-Charlotte, Gustave-Charles, Loïc-Paul-Mathias et Constance-Lucille pour 3 heures, je vais à la manucure, vous serez gentil de me les gardez"

"Shhhh, ne joue pas avec ton argent de poche devant le monsieur voyons, il est pauvre"

"Et donc, vous êtes payé pour être bibliothécaire ?"

"Moi vous voyez, j'aime beaucoup la littérature, Balzaque, Perouste et toutes ces conneries la, donc je sais de quoi je parle, mais franchement, les mangas, la, vous voyez bien quand même que ça leurs rongent le cerveaux à ces enfants ? Nous le soir à table, pendant qu'on regarde la télé, bah notre fils il part pour aller lire son Ouane-Pisse, tout seul dans sa chambre. C'est normal ? Vous trouvez ca normal ?"

"Voila, j'aimerai garder le livre en fait. Si vous voulez je vous paye hein, on se dit quoi...10€ ? Non parce que bon, il est quand même en sale état faut avouer. Roh aller, 11€ ? 13€ ? Non mais allez, faites pas vos vieux bibliothécaires coincés la !"

"Non mais faut avouer quand même que vous tuez les librairies, et que c'est quand même dingue que les sois disant politiques culturelles faites par des gauchistes laissent crever les petits libraires au nom d'un soit disant "Égalitarisme culturel"

"Moi j'aime beaucoup lire hein, et je me renseigne, après le problème, il faut le reconnaître, c'est qu'il n'y a pas eu un seul écrivain de valable depuis Voltaire"

"Le fait est, qu'on le veuille ou non, que l’appauvrissement littéraire de la France doit beaucoup à ces gens que nous appelons Français, alors que bon, ils en ont pas vraiment la tête...Vous voyez ce que je veux dire..;"

"De toute façon, moi c'est simple : Quand je vois que l’héroïne c'est encore une de ces gonzesses qui veut jouer au mâle, je ferme le machin direct, elle nous font déjà assez chier dans la vrai vie !"

"Nous mais la aussi, le livre je vous PROMET, quand je l'ai emprunté il était déjà rempli de compote de pomme, c'est vraiment pas moi, c'est juste que vous n'aviez pas dû bien regarder à l'emprunt quand vous me l'avez passé..." 

"Comme disais Kant "La littérature ça ouvre des portes, euuuuh, l'esprit ? Les portes de l'esprit ?" Enfin vous voyez quoi, c'est important la culture."

"Bonjour, vous auriez le journal du monde ou il y a un encart avec un fais divers sur une dame qui est tombée dans un ascenseur ? J'ai plus la date, non."

"Vous pourriez dire au musicien dans votre auditorium pour votre concert de machin de jouer moins fort la ? On les entends un peu depuis la salle de lecture..."


... Oui, tout cela est véridique. Et nécessitera probablement un deuxième billet pour pouvoir commencer à rentrer dans le sujet.

Sur une note annexe, toutes les personnes concernées était censément en possession d'un cerveau. Sisi.

vendredi 25 janvier 2013

Livre Dix Huit - La guerre des ballons.

Si le bibliothécaire, comme chacun sait, ne craint rien ni personne, il lui est toutefois connu deux prédateur naturels.

Tout d'abord, sa bonne volonté naturelle, l'amenant à se lancer dans des projets comme "Créons tous ensemble une base de donnée recensant tout des doublons du réseau afin de participer à un grand mouvement de dons afin de compléter nos fond respectif, mains dans la main et dans la bonne hum....Hey ? Y'a quelqu'un ? Heyho ? Diiiiites ?" qui, malheureusement, se heurtent rapidement au grand mur de la réalité.

Réalité qu'on pourrait résumer par "Tient, et si on essayait de vider la mer. Avec une cuillère trouée. Et deux bras en moins. Et des gens qui me lancent des cailloux en même temps tout en insultant la vertu de ma mère."
Son deuxième prédateur est, bien entendu, l'enfant. Parce qu'il hurle, parce qu'il cours partout en hurlant, parce qu'il cours partout en hurlant et en renversant les étagères sur les lecteurs paraplégique qui meurent écrasés sous cents tomes de la pléiade, en essayant vainement d'échapper à deux milles pages de Cioran qui leurs percutent la tempe à 212 Km/h.

 Et puis aussi parce que, en gros, on est quand même des gros réacs hostile à toute forme de bonheur - Mais ceci est évidemment secondaire.

Certains observateur parmi les plus fins d'entre vous y verront ici une troisième faiblesse, aisément exploitable.

Notre bonne volonté à l'égard des enfants.

 Et c'est ainsi que je me retrouvai un jour dans un parc municipal à distribuer des ballons au sigle des bibliothèques après une lecture publique dans le dis parc. Après quelques gonflages de ballons quelques cris commence à éclater. Puis soudain...La guerre.

Quelques citations de vétérans, survivants de la terrible bataille.

Jojo, 11 ans, "Enfant" : "T'as vu aussi, il a pécho son ballon avant moi. Donc forcément aussi, devant un tel manque de respect, obligé, je lui tacle la jugulaire avec mes crampons. Mais après, cet enfoiré, il veut même pas lâcher. Donc il me laisse pas le choix, je suis obligé de sauter sur sa tête en hurlant jusqu'à ce qu'il lâche... En plus trop dégouté, c'était un ballon rose t'as vu, un truc de fille, du coup je l'ai balancé direct..."

Marc-Julien-Octave, 59 ans, Bibliothécaire : " Tu sais, j'ai fait le vietnam. Et l'indochine. (Oui oui),  et je peux te le dire, ce fut la bataille la plus dure à laquelle j'ai jamais assisté. Quand je repense à cette petite fille, à laquelle j'ai tendu un ballon, à ce grand sourire et à ces yeux si doux, ce regard si pur, avant qu'elle ne me mette un coup de pied dans les parties et qu'elle ne s'enfuit en hurlant avec tout le sac de ballons...
Je te le dis sans rancune, heureusement qu'un de ces gamins l'a mise K.O peu après d'un bon crochet dans la rate, ca prouve tout de même que dieu existe."

Luc, 7 ans, en cours de réinsertion : "Baaaaaaaaa...Baaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa.....BAAAAAAALLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONS,
BAAALLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO-assasinerdesgensinnocentsetviolerdesanimaux-OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONS"

Bref, nous vivons dans un monde terrible.

Sur une note ovale, l'émissaire ballon estime le nombre de ballons tués au combat dans des dégâts collatéraux à environ  850 000. (3 selon le préfet.)

Livre Dix Sept : De l'affection en bibliothèque

Ce qu'il y'a de beau dans une bibliothèque jeunesse, c'est cette profonde intimité qui peut se créer lentement entre un bibliothécaire et son jeune usager, qu'il verra grandir, s'épanouir, jusqu'à devenir enfin un adulte et voler de ses autres ailes vers d'autre bibliothèque ce petit bâtard ingrat.

Autant le dire tout de suite : Après vingt ans en bibliothèque jeunesse, on acquière qu'on le veuille ou non certains automatismes liés à nos petites tête blondes.

Certains passeront l'hiver entier à s'assurer que les doudounes triples épaisseurs des chérubins sont bien fermés, d'autres gratifieront la jeune pousse d'un grand sourire et d'un conseil de lecture.

Mais moi, ma collègue à ce geste affectueux de tapoter doucement la tête des enfants qui passent. Ou plutôt "Avait ce geste affectueux".

Car un jour, sa petite douceur atterrit non point sur l'occiput d'un garçonnet. Mais sur le crâne d'un nain qui apprécia moyennement la plaisanterie. Et qui s'en fut, passablement outré, sous le regard mortifié d'une collègue venant de commettre un acte ayant à peu prêt autant de classe que la prose de Marc Levy (Eh oui, tout bibliothécaire se doit de maîtriser les grands classiques de notre littérature)

Sur une petite note, ce n'est heureusement pas tout les jours à ce point n'ainporte quoi.