Souvenir d'une désormais lointaine vacation dans une bibliothèque Parisienne.
Nous étions deux braves vacataires, la joie au coeur et les mains sur les poignées des charriots, à pousser, ranger, pousser, ranger, répondre à la question de savoir "MON DIEU OU EST MON ENFANT ? Voussavezlebrunavecunecasquettequiressembleàtoutlesautres" et si "Un nouveau Zola vient de sortir ?", puis, pour ne pas oublier, pousseranger.
Dans cette magnifique et joyeuse - Aha. - routine de rangement ininterrompu, nous avions pris l'habitude d'appeler l’ascenseur par lequel nous faisions descendre les charriots "L'ascenseur de Sisyphe", tant la tâche semblait être un éternel recommencement, avec probablement encore moins d’intérêt que de pousser un caillou. (Au moins, lui, il fait les muscles, et il ne s'enquiert pas de savoir si le tome 2 de Germinal sort bientôt)
Une collègue particulièrement futée, nous entendant un jour parler de ce bon viel ascenseur, et disposant de la culture et de la subtilité propre à notre corps de métier - Aha². - compris aussitôt que les vacataires se plaignaient de "l'ascenseur qui siffle".
Ben oui, parce que non content de ne pas ranger assez vite, en plus, ils se plaignent tout le temps pour des détails, j'vous jure.
Bref. Après avoir passé le mot, nous voila sommé de répondre à l'accusation de "Mais d'ou vous vous plaignez, il marche très bien notre ascenseur, ou qu'il est le problème virgule "Ajoutez ici l'implication que vous êtes vraiment des chiffes molles, et que l'esclavage, c'était quand même mieux du temps de mon grand papa".
Oui oui. La culture et la bienveillance en bibliothèque, tout un art.
Sur une note mythologique, aucun grec n'est mort écrasé par un caillou pendant la rédaction de ce billet.
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