mardi 7 juin 2011

Livre cinq - "Mon petit livre des tétons"

Une histoire quasi-ésotérique qui remonte loin, très loin, dans une lointaine contrée faite de bibliothèque jeunesse et de quartier fraichement craignos.

C'était ma première bibliothèque. Okay, elle était bordée d’HLM délabrée et la vue sur le périphérique n'était pas des plus charmantes. Okay, elle enchainait à intervalle régulier dégâts des eaux, problème d'électricité et bon vieux vandalisme.

Mais elle avait ses moments de franche rigolade. Ô souvenir de la fameuse "Bridage de défense des personnes âgée" constitué d'un ancien flic et d'une poignée de brave citoyen et qui errait dans les méandres des hlm avec un chien et des barres de fer pour sauver les mamies de l'arabe mangeur d'homme qui rôde dans nos halls d'escalier.

...Mais bref, ceci est une autre histoire.

Me voici donc au poste de retour de notre brave bibliothèque lorsque rentre un modèle réduit de "Petit garçon probablement mignon mais tout à fait emmitouflé dans sa gigantesque parka - Nous sommes ici en aout - qu'on ne voit pas de chair dépasser"
Le tout surmonté d'une kippa, comme si la vie ne lui avait pas déjà fait assez d'injustice. (Rassurer vous amis juifs, je ne méprise pas votre religion plus que les autres, vous m'avez l'air tout aussi stupide qu'un catholique ou un musulman)

Le voici donc qui se dirige vers moi de la démarche hésitante du gamin probablement plus habitué a la lapidation scolaire qu'aux grande effusions de camaraderies et qui me pose d'un air timide quelque BD pour ado sur la table. Pour ado, à savoir avec suffisamment de nichons pour vendre, mais trop peu pour scandaliser la maman. (Pour plus de détails, de grands œuvres tels que "Johanna, la guerrière barbare a gros nichons et son acolyte Niu-Niu le petit chaton choupi")

Je prends les BD, prend sur moi pour ne pas lui jeter le regard entendu de "Eh beh, y'a internet pour ça gamin !" et feuillette les pages pour apprendre moi aussi les dernières aventures héroïques de Priscilla, la magicienne-guerrière a gros nichons.
Quand soudain je m’aperçois que TOUT les seins de la BD ont été découpés au cutter. Pas d’exception, pas d’arrangement. Zip Zip Zip dans le 90D.

Et c'est devant ce genre d'évènement qu'on comprend la solitude et le désarroi du bibliothécaire qui lutte désespérément pour ne pas perdre sa foi en l'humanité (Au moins ça, oui).

Rappel du gamin dont on discernerait presque la chaude couleur tomate sous les douze couches de parka. Demande d'explication. Gamin muet.

Et par muet, je n’entends pas un "mais, ce n’est pas moi c'est ma mamie qui a glissé sur le cutter qui a riper sur tout les seins dans l'ordre des bouquins par inadvertance monsieur : (". Rien, le néant, l'absolue solitude du gamin qui fait écho à ma grandissante envie de se foutre franchement de sa gueule et de lui écrire l'adresse de youporn sur un petit papier histoire qu'il essaye d'attaquer son écran au cutter.

Devant tant de silence, pas d'autre choix que d'appeler les parents, même pas par plaisir d'enfoncer le gamin que je plains quand même pas mal mais parce qu'il faut le repayer le bouquin (Qui perd 90% de son intérêt une fois les nichons soustrait, bien entendu). Appel des parents, une maman qui décroche, entend à peine ce qu'on lui raconte mais nous affirme qu'elle arrive chercher le vil gamin découpeur de tétons.

Quelques loooongues minute plus tard arrive en effet la maman dans tout ce que les clichés des mères juives ont de plus beau, suivi de prêt par un papa a petit chapeau et papillote, qui n’esquissera même pas un mot et se contentera de regarder son fiston d'un regard sans doute capable de transpercer 12 couches de parka-kevlar.

Puis s’opère une espèce de danse étrange au cours de laquelle une mère en transe nous explique entre un chèque et quelque baffe que son fils était tout à fait normal avant que l'internet débarque et pervertisse les esprit des jeunes qui n'ont rien demandé et d'ailleurs n'aurait probablement jamais pensé a un sein jusqu'au mariage si on ne leur en avais pas parler.

Et à ma question "Peut être faudrait t'il en effet installer des programmes de restriction des sites internet ?", la réponse, cinglante, "Ah mais non, nous n'avons pas d'ordinateur, nous."

Voila, voila.

Pour la petite note humoristique, on notera tout de même que, une fois la BD payée et remboursée, la dame aura tenu à récupérer l'exemplaire découpé "Puisqu'après tout, j'ai payée pour".

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