Sauf que c'est plutôt sorti de maison de retraite et que c'est dans la bibliothèque. Devant moi. Plein.
Je ne sais pas si un club de lecture pour grabataire (Oups, pléonasme) avais élu domicile dans notre hall, toujours est il que la "Maison du repos tranquille de la douce euthanasie lente et silencieuse en tout quiétude gentille et aimable" se trouvait devant moi en plein débat littéraire.
De grandes envolées lyriques accompagnaient des débats passionnées ou les intervenants prennent des positions intellectuelles tout à fait audacieuses.
"Guillaume Musso est il plus talentueux que Marc Lévy ?"
"Un bon auteur contemporain peut il "Vraiment" être meilleur que les grand auteurs classique ?"
"Les mangas sont ils une sous-culture faites pour attaquer l'esprit de notre brave jeunesse ?".
Bref, un vrai débat plein d'idée fulgurante bouillonnait prêt de moi pendant que je sombrais dans un lent coma - Probablement du à l'effervescence intellectuelle qui me tournait la tête.
Soudain, deux de ces braves mamies viennent vers moi d'un pas décidé et le temps que je réactive mes synapses en urgences me posent la question fatidique. "Je voudrais du Proust, en pléiade si possible. Vous en avez ?"
Alors Proust, en pléiade, on a. Ca fais 12 tomes rien que pour la recherche du temps perdu, d'ailleurs. Du coup, je lui demande ce qu'elle veut "Le début". Ca me semble logique, elle a d'ailleurs de la chance, on l'a.
Je lui donne donc le brave tome. Elle le feuillette 2min puis me dis "Ah oui, c'est très bien, j'aime beaucoup."
"Ah, vous le relisez en fait ?"
"Non non, je ne l'ai pas encore lu. Mais j'aime beaucoup. C'est très bien Proust".
Sur ce la deuxième mamie qui arrive et se mêle à la discussion l'air de rien comme seule savent le faire les mamiefourbe.
"Ah oui, Proust c'est vraiment bien, c'est un très grand auteur. Je pense que je vais bientôt commencer à le lire. Vous l'avez lu jeune homme ? Vous devriez."
"Euuuuh. Ben, pas tout, non."
"Ah. Eh bien vous devriez. Vraiment."
Et les deux braves mamies qui n'ont jamais lu une ligne de Proust de commencer à débattre devant moi pendant 20 bonnes minutes d'un auteur qu’elles n’ont jamais lu en faisant la grande farandole de cliché.
"Ah ben oui. C'est très bien, mais faut pas avoir peur du texte !"
"Qu'est ce qu'il écrit bien. C'est tellement beau ces longues descriptions"
"Et la madeleine ! Aaaaah, la madeleine"
Oui. Ce vieux fantasme. Étouffer des vieux avec une gigantesque madeleine jusqu'à qu'ils deviennent un tas de beurre sanguinolent. Mais non. Impossible.
Enfin, comme dirais notre cher amis R.R.Martin.
"
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